Dernières nouvelles avant les vacances

Chères adhérentes, chers adhérents,

Nous avons pu rencontrer le 15 juillet à la Mairie du 12ème l’équipe municipale au grand complet: Madame  E. Pierre-Marie Maire du 12ème, Messieurs  E. Grégoire Premier Adjoint et Adjoint à l’Urbanisme de la Mairie de Paris,  N. Rouveau Adjoint à l’Urbanisme et à la Ville résiliante du 12ème et Maire du quartier ainsi que R. Bouigue Adjoint à l’Architecture du 12ème.

Étaient également présents M. Cottrel Secrétaire du Conseil  de Quartier et l’un de ses membres M. Lorinquer, M. Costanzo Président du Conseil Syndical du 54 rue de Picpus, Mme Séru Présidente  de l’Association du 42-50 rue de Picpus, personnes représentant les habitants et ayant assisté aux ateliers avec EMERIGE. S’étaient joints à eux M. Fasquel responsable du compostage au 107 rue de Reuilly (Paris Habitat) ainsi que deux membres du Cabinet de Mme La Maire.

M. Le Dantec, n’a pas été convié bien qu’il soit le représentant de FNE (France Nature Environnement) et qu’il ait assisté à tous les ateliers avec EMERIGE, pas plus que l’EPFIF, actuel propriétaire du terrain, éternel absent lors de toutes les réunions.

Cette rencontre  nous a permis d’avoir enfin des échanges directs.

Toutefois Mme La Maire, d’entrée de jeu, a indiqué qu’elle n’avait pas apprécié que les  opposants au projet aient fait entendre leur voix de façon inconsidérée en proférant des « attaques personnelles », en la « harcelant » ou en alimentant des récupérations politiques, alors que l’équipe municipale s’était démenée comme cela n’a jamais été fait pour améliorer le projet et organiser une concertation.

Nous tenons à faire remarquer que si notre association s’est opposée aux positions de la municipalité, c’est toujours sur le fond et dans le respect des personnes.

M. Grégoire a par ailleurs précisé que « plus d’efforts que nécessaires » avaient ėté fournis pour faire évoluer le projet, qu’il fallait maintenant « revenir au principe de réalité » et qu’EMERIGE pourrait «réarmer le projet du permis de construire en cas de contentieux ».

Chacun appréciera ces menaces à peine voilées.

Lors de sa présentation du projet Mme La Maire est pour l’essentiel restée dans le flou, dans les éléments de langage  et les déclarations d’intention déjà exposées à maintes reprises, en particulier lors de l’atelier du 19 mars (voir notre compte-rendu du 24 mars).

En effet aucun plan ne nous a été communiqué, nous  n’avons obtenu aucun ėlėment chiffré précis sur le nombre de logements, d’étages et sur la surface du jardin ouvert au public (éléments précis réclamés précédemment  par écrit et sans succès par M. Costanzo et l’Association).

Par ailleurs certains points présentés comme des avancées (crèche, salle de sport, maison Marani transformée en tiers lieu en liaison avec l’Université, présence de commerces de proximité en pied d’immeubles) existaient déjà dans la demande de permis de construire retirée.

Nous en concluons que, soit  EMERIGE continue de travailler au projet comme on nous l’a laissé entendre, soit  les modifications apportées depuis le 19 mars étaient connues mais on n’a pas voulu nous les communiquer afin qu’on les découvre seulement le jour de la réunion de restitution, lorsque  les jeux seront faits.

C’est en effet lors de cette réunion, qui devrait avoir lieu début septembre, qu’EMERIGE présentera le projet définitif. Le dépôt de la demande de permis serait effectué dans la foulée à partir de  fin septembre.

Dans l’exposé très général de Mme La Maire ( et de M. Grégoire) nous avons toutefois relevé trois informations importantes mais, comme on ne connaît pas la totalité du projet, elles doivent être relativisées.

— Deux plots (sur douze) de 6 et 5 étages seraient supprimés.

Le premier (H) serait  celui situé au fond du jardin vers le jardin partagé du 107 rue de Reuilly ce qui permettrait d’agrandir au moins visuellement le jardin central et de favoriser la circulation des vents dominants (voir notre demande dans notre message du 7 juin). Le second (G2?) serait l’un des deux situé du côté du 34 le long de l’allée du 36 juste avant la loge.

Pour  être considérée comme réellement  positive,  cette suppression ne devra en aucun cas  être compensée par une augmentation du nombre d’étages des autres plots, ce qui est loin d’être acquis.

Or concernant le nombre d’étages des bâtiments, Mme La Maire est restée dans le flou car elle a seulement indiqué: « il n’y aura pas de bâtiments dont le nombre d’étages sera à deux chiffres », ce qui peut même laisser entendre que 9 étages seraient acceptables.

Cela correspond d’ailleurs aux 9 étages dont il est question dans le vœu du conseil de Paris du 8 juillet (voir plus bas et PJ 3).

On serait alors en recul par rapport aux engagements précédents  de la majorité municipale (il était question de six étages dans l’accord de mandature) et aux propositions de l’atelier du 19 mars. En effet ce jour là dans l’un des projets présentés, sur douze bâtiments, six n’avaient plus que 5 ou 6 étages et il n’en restait que la moitié entre 8 et 9 étages à faire baisser!

M. Costanzo et Mme Séru ont fait remarquer qu’il serait inacceptable que la suppression de deux plots soit compensée par une surélévation des autres et Mme Séru a même indiqué que si c’était le cas cela nous renverrait six mois en arrière, car lors de l’atelier 2 du 21 novembre un projet sans plot H avait été présenté mais avec une majorité de plots à 9 étages.

— La surface de plancher passerait de 27 000 m2 (atelier du 19 mars) à

26 000 m2 ce qui correspond à une diminution d’environ 13% de celle du permis de construire retiré (29 900 m2).

Or, si on se réfère aux plans précédents, la suppression promise de ces deux plots devrait conduire à une diminution de plus de 1 000 m2 de plancher. On peut donc légitimement se demander si la  faible diminution annoncée n’est pas due à une augmentation du nombre d’étages des autres plots.

— La surface de pleine terre végétalisée avec des arbres de haute tige correspondrait selon Mme La Maire à 50% de la parcelle, (même chiffre que celui annoncé par le vœu du conseil de Paris).

Quant à M. Grégoire il a parlé de 4 500 m2 de pleine terre montrant ainsi que le chiffre de 50% (soit près de 5 200 m2) avancé par Mme La Maire est loin d’être acquis.

Certaines questions ont reçu une réponse négative  ou incomplète — La demande reformulée par M. Cottrel au nom du Conseil  de Quartier et de son vœu (voir plus bas et PJ1) pour remettre à plat  le projet immobilier d’EMERIGE et le transformer en un véritable projet d’urbanisme ouvert sur le quartier avec des équipements sportifs a été jugée irrecevable.

— La demande de M. Costanzo concernant le passage entre les rues Picpus et de Reuilly n’a toujours pas abouti.

En effet les sœurs de Ste Clotilde ont été sollicitées pour que le cheminement passe en bordure de leur terrain. Pour l’instant elles n’ont pas répondu mais quelle que soit leur réponse le problème ne sera pas réglé  car  le tracé restera interrompu  entre leur terrain et celui d’EMERIGE au niveau du jardin  de Paris Habitat du 107 rue de Reuilly.

— Il n’a pas été apporté de réponse aux interrogations conjointes de Messieurs Cottrel et Costanzo sur le montage juridique et financier de l’opération par EMERIGE et sur le rôle l’EPFIF dans le portage d’une partie du terrain qui est privée.

M. Cottrel s’est étonné que cette question, déjà posée par Mme Séru et lui-même lors de l’atelier 3 (voir nos comptes rendus des 5/01 et 24/03) ait laissé  les élus indifférents, alors qu’il est dans le rôle de la municipalité de questionner les responsables du projet pour pouvoir répondre à ces interrogations légitimes.

M. Bouigue a invité M.Cottrel à reposer lui-même la question à EMERIGE…

M. Lorinquer a fait savoir que ce problème était pour lui hors sujet mais il a indiqué qu’il était préoccupé par le risque que représentait la demande de dédensification. Il craignait en effet qu’en voulant maintenir son équilibre financier, EMERIGE ne revoie à la baisse les prestations proposées. M.Bouigue l’a rassuré à ce sujet.

— Mme Séru s’est  étonnée que le sujet des ICU (îlots de chaleur urbains) n’ait été abordé que sous l’angle de la suppression de celui de l’actuel garage.

En effet l’ICU du garage actuel est  limité car il provient d’une surface peu étendue recouverte d’un matériau métallique de faible masse qui certes accumule rapidement la chaleur mais la restitue tout aussi vite. Par contre l’ICU que pourrait créer le projet EMERIGE s’il n’est  pas revu à la baisse, pourrait être beaucoup plus élevé du fait des importantes surfaces de chauffe qui accumulent la chaleur et ne la restituent que très lentement. Ceci serait dû à la grande hauteur des bâtiments, à leur masse ėlevėe même si ceux-ci sont construits en « matériaux biosourcés ». Cet ICU serait accentué du fait de l’enclavement de la parcelle située entre des bâtiments R + 13 faisant obstacle aux vents dominants, point qui a déjà été évoqué lors des ateliers et rappelé M. Cottrel.

Mme  La Maire  a indiqué que les professionnels compétents qu’elle avait consultés avaient dit le contraire mais  elle ne les a pas nommés. Il est à noter qu’elle n’a pas souhaité la présence à cette réunion  de M. Le Dantec qui aurait pu nous éclairer sur ce point.

En conclusion, comment les élus peuvent-ils s’étonner que les imprécisions de leurs réponses aux questions posées et reposées depuis plus de 9 mois entraînent interrogations et suspicion de la part des citoyens riverains du projet, même si certains points peuvent contenir des avancées?

Nous allons maintenant revenir sur les principaux événements qui se sont déroulés entre le 19 mars, date du dernier atelier avec EMERIGE et le 15 juillet, date à laquelle la réunion a eu lieu. Ces événements permettent en effet de mieux comprendre le contexte de sa tenue et certains points qui y ont été évoqués.

Le 18 mai, alors que nous étions depuis deux mois sans nouvelles de la Mairie et d’EMERIGE, le Conseil du Quartier Picpus/Nation a voté à l’unanimité un vœu « en faveur d’une opération municipale adaptée aux besoins du quartier pour l’emprise du garage au 42/48 rue de Picpus

»(PJ1) à la suite de visites de terrain et d’échanges dans le cadre de sa contribution à la révision du PLU.

L’objet de ce vœu était d’obtenir une remise à plat du projet d’EMERIGE pour qu’il devienne une opération d’urbanisme ouverte  sur le quartier, adaptée à ses besoins et ne soit pas une simple opération immobilière au profit d’un promoteur.

Ce vœu s’inscrivait donc dans la continuité d’un travail effectué par le conseil il y a 5 ans lors de la précédente modification  du PLU en 2016. Les propositions faites alors n’avaient pas été retenues par les Adjoints à l’Urbanisme  de l’arrondissement et de Paris de l’époque (Messieurs Bouigue et Missika). Ainsi, le PLU 2016 avait rendu possible le projet EMERIGE de bétonnisation de la parcelle.

Il était donc logique que le Conseil  de Quartier reprenne et actualise ces propositions  alors que s’ouvre une nouvelle révision du PLU pour le rendre bioclimatique, permettant ainsi à la Maire écologiste de s’en saisir pour défendre un nouveau projet face à EMERIGE, ceci d’autant plus qu’elle est la présidente de droit des Conseils de Quartier du 12ème  (cf la Charte).

Le 21 mai le Secrétaire du Conseil de Quartier a envoyé ce vœu à Mme La Maire pour qu’il soit examiné lors du Conseil d’Arrondissement prévu le 23 juin.

Malgré un rappel envoyé le 21 juin, ce vœu n’a pas été inscrit à l’ordre du jour.

C’est dans ce contexte, alors  que nous étions toujours sans nouvelles d’EMERIGE et de la Mairie depuis plus de deux mois, que  nous avons organisé, avec le collectif des 7 associations qui luttent contre  la bétonnisation du 12ème, deux rassemblements, l’un le 29 mai devant la Mairie du 12ème et l’autre le 19 juin devant le 36 rue de Picpus.

L’union faisant la force ces rassemblements ont été un succès (nombre de participants, contacts avec la presse…).

Le 23 juin, lors du Conseil d’Arrondissement, le vœu du Conseil de Quartier n’a été évoqué qu’in extremis en interruption de séance et sans débat, M. Nicolas Rouveau s’étant contenté de lire un texte énonçant  les éléments de langage connus depuis le 19 mars (PJ2) puis repris par la suite par le vœu du Conseil de Paris et enfin par la Maire lors de la réunion du 15 juillet.

Mme V. MONTANDON (Conseillère d’Arrondissement et de Paris LR), prėsente au Conseil d’Arrondissement a repris ce voeu à son compte et en son nom  et a demandé son inscription au Conseil de Paris prėvu pour les 6, 7 et 8 juillet, ceci d’autant plus que la Maire d’arrondissement ne l’avait pas fait. Cette inscription a  été visiblement considérée par l’équipe municipale et par le Conseil  de Quartier comme une manœuvre de récupération politique.

Entre temps, Mme L. Avia, Député LREM de l’arrondissement avait proposé au collectif des associations du 12ème d’organiser une réunion le 7 juillet au Ministère de l’Écologie avec des membres du Cabinet de La Ministre.

Les différentes associations ont exposé les luttes qu’elles engageaient, ce qui a conduit la députée à conclure en indiquant que chaque projet pris séparément pouvait être considéré comme mineur, mais que leur ensemble pouvait avoir un impact sur l’environnement du quartier (PJ4), rendant ainsi le problème global et politique.

Pris à contre-pied politiquement,  l’exécutif unanime de la majorité municipale à la Mairie de Paris a alors allumé un contre-feu en inscrivant à l’ordre du jour du Conseil de Paris un nouveau vœu (PJ3) qui reprend les éléments de langage développés par N. Rouveau le 23 juin et dénature entièrement le voeu du Conseil de Quartier.

Ce vœu a été adopté le 8 juillet alors que ceux présentés par V.

Montandon pour les associations des Messageries et du 42-50 rue de Picpus (ex vœu du Conseil de Quartier) ont été rejetés, comme celui présenté par LREM au nom de l’association qui s’oppose rue L. Braille à un projet immobilier qui détruira un mur végétalisé siège de biodiversité.

Nous avons publié sur les réseaux sociaux ces différentes interventions.

On ne peut donc que déplorer que la Maire du 12ème et la majorité municipale de la Mairie de Paris  aient préféré  les postures et les calculs politiques aux intérêts des habitants.

Nous attendons maintenant la réunion de restitution de septembre qui nous permettra de prendre connaissance de la réalité du projet. Nous espérons que les plans et les données chiffrées nous seront communiqués à l’avance comme cela a été le cas lors des ateliers.

Nous avons compris qu’à moins d’un miracle lié à des tractations politiques au sein de majorité municipale qui nous échappent et portant sur la mise en place du nouveau PLU, la remise à plat du projet comme le demandait le Conseil de Quartier semble à ce stade hors de portée. Il est toutefois regrettable que ce voeu, toujours sur le bureau de Mme La Maire du 12ème, n’ait pas été transmis au Conseil de Paris, alors même que son contenu, saisissant l’opportunité de la libération de la parcelle ouvrait la voie à un projet permettant d’améliorer la qualité de vie des habitants de quartier.

Peut-être aurons-nous par contre une bonne surprise si le retrait des deux plots est pris en compte, ce qui pourrait permettre de dédensifier et de végétaliser  un peu le projet, à condition qu’en compensation le nombre d’étages n’augmente pas et n’aille pas au delà d’une moyenne d’environ R +6  (risque d’ICU).

Si ce n’était pas le cas nous continuerons notre lutte par tous les moyens prévus par la loi, malgré les intimidations à peine voilées dont nous sommes l’objet.

Bien à vous et bonnes vacances

MF Séru

Présidente de l’Association du 42-50 rue de Picpus

PS :L’A.G. Prévue par nos statuts aura lieu en septembre (date et modalités à définir).

PJ1 2021_05_18_Voeu_urbanisme_projet_garage_rue_Picpus

PJ2 Prise de parole NR CA 23 juin Picpus (1)

PJ3 CP Voeu éxécutif rue Picpus (2)

PJ4 Entrevue 7 juillet 2021 Ministère de l’Ecologie